Exercice curatorial





J'ai tenté de faire un exercice normalement réservé à la plus jeune profession de ce monde : le commissariat d’art. Être curateur. Curatrice ;)

« Le Larousse me laisse perplexe. « Commissaire : Personne chargée d’organiser, d’administrer quelque chose pour une durée limitée » (1). C’est léger, passons. « Curateur : Personne chargée d’assister l’incapable majeur dans tous les actes que celui-ci ne peut accomplir seul » (2) … »
 « Le curateur est un créateur d’expositions. Je crois qu’il faut partir de là. Ce n’est ni un métier, ni même une formation, c’est une action. Ainsi le curateur a-t-il bien souvent – mais pas toujours – un statut autre (conservateur, artiste, philosophe, écrivain, sociologue, etc.). Bien évidemment l’action curatoriale ne peut se résumer à la seule exposition. La recherche est primordiale, et le dialogue avec les artistes l’est tout autant, comme le travail profond sur les œuvres. Si tout cela représente la majeure partie du travail du commissaire d’exposition, son ossature, c’est ailleurs que s’en trouve la moelle. Le curateur est un penseur, il pense l’art et le monde, et donne ensuite à sa pensée une forme particulière, celle de l’exposition. »
 « Maintenant que nous y voyons un peu plus clair, entrons dans le cœur du sujet : le curateur est-il un artiste ? Cette question paraît manifestement provocante, absurde sans doute et peut-être même sans intérêt. J’ai cependant envie de la poser. »[1]

En tant qu’artiste qui a fait déjà l’expérience d’avoir un curateur pour une exposition et qui a décidé de ne plus faire l’expérience, j’aborde le problème de l’autre côté – je suis devenue curatrice.

Alors, est-ce qu’un curateur est un artiste ? Oui, parce que créer une exposition est une sorte de création d’une œuvre  d’art totale qui englobe des pièces, des objets esthétiques. Mais en même temps, un curateur d’art contemporain est, très souvent, complice qui aide à la formation et maintien de la grande bulle spéculative de l’art contemporain. Il n’y a qu’un curateur qui puisse vendre (yes !) l’idée d’un tas de quelque chose qui salira le parquet d’un musée… C’est un curateur, qui ne crée pas d’objets esthétiques qui peut en mêlant philosophie (Derrida, Deleuze and C°),  sociologie,  anthropologie et de beaux et compliqués mots qui réussit qu’un objet quelconque soit considéré en tant qu’art…

Mais, pour des expositions « normales » ou l’on pose toujours des œuvres d’art sur les murs, un curateur (je ne suis pas sûre que le même mot fonctionne toujours… mais il est si à la mode et faute de mieux… ) a une fonction très claire et utile. L’artiste, souvent est amoureux de son œuvre, il la produit dans une sorte d’aveuglement dans lequel il ne pense pas globalement : il crée, c’est tout. Et dans un musée ou une galerie d’art (ou n’importe quel espace adapté pour l’occasion) on ne peut pas commencer à accrocher des œuvres juste pour les accrocher. Il faut un concept, un sujet, une sélection et une lecture des œuvres. L’artiste normalement connaît son sujet, il sait qu’est qu’il fait mais son histoire n’st pas élaboré. Dans le cas de l’artiste que je viens de présenter, il racontait un truc très sentimental et personnel : sa relation avec sa femme. Sujet intéressant et valable, mais qui cachait une chose bien plus importante : son travail avec le dessin et avec le corps humain. C’était le plus important. Donc du moment que l’artiste a quelqu’un qui arrive avec un regard frais et des connaissances en art, il peut profiter pour regarder sa propre œuvre  différemment. Il ne s’agit plus de parler d’un sujet concret et de représenter directement une histoire, mais d’aller plus loin. Le dessin ne doit plus être soutenu par la narrative personnelle – il doit pouvoir se soutenir tout seul et arriver à une sorte de langage universel où le monde, même s’il ne se reconnaît pas, il peut apprécier une excellente œuvre  d’art. L’artiste doit raconter son histoire mais il faut lui rappeler que ce journal intime qu’il fait, devient journal extime au moment de l’exposition. Et l’extimité demande une lecture aisée, un langage soigné (fautes, erreurs) et une présentation impeccable.

En conclusion je pense que le métier de curateur est utile, mais c’est un travail que les artistes même peuvent le faire car ils ont toutes les connaissances nécessaires. Peut-être on est beaucoup moins versés en philosophie et autres, mais on connaît notre métier et comment le présenter. C’est sûr qu’on aura toujours besoin  d’une bonne correction de textes…

Catalogue de l’exposition sur :

https://issuu.com/doinavieru/docs/nixon_prueba2

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