Mme Louise

"Certains artistes, des masochistes, doivent trouver une cause qui en vaille la peine. Ils ressentent un plaisir pervers à souffrir pour cette cause. Ils trouvent dans la souffrance, dans le fait de la surmonter, l'estime d'eux-mêmes. Ils sont prêts à payer en temps, en travail et en savoir-faire pour qu'on les écoute, qu'on les estime et qu'on les remarque." (1)
Mme Louise (Bourgeois) traite souvent les artistes en masochistes. Et elle raison! On fait tout pour... On fait plein de choses qu'on ne veut pas, qu'on n'a pas envie et qui finalement ne nous servent à rien.  On les fait avec un espoir lointain de... de qu'il se passera quelque chose de bon pour nous. Qu'on aura finalement un bénéfice quelconque. Au moins économique. Cet économique qui nous ramène prosaïquement à terre n'arrive pas et on paye toujours "en temps, en travail et en savoir-faire". Mais à nous, on ne nous paye pas. Que faire? Des fois on refuse certains événements et on se fâche avec nous. Je me demande, qui rend service à qui? L'artiste qui donne 2-3 heures de sa vie pour une visite guidée un jours et une table ronde un autre à des étudiants ou l'institution qui demande ce service? Il me semble que c'est l'artiste qui rend service parce qu'il ne reçoit rien en retour... 
La situation est simple:  l'institution organise son événement, convoque des artistes, on est très heureux de cette opportunité (sic!), on passe quelques mois, semaines à faire des oeuvres (on ne recycle pas, il faut se plier au thème donné), on exige à l'institution les choses les plus indispensables pour que l'événement (leur événement) soit bon, on fait finalement leur travail et... et nous? Bah, la gloire, quoi. L'honneur d'avoir participé. Le jour qu'on pourra mettre cette gloire et cet honneur dans l'assiette... continuera-t-on à être aussi masochiste? 
Il me semble que l'autogestion serait un mot-clé ici. 


(1) Louise Bourgeois, Destruction du père. Reconstruction du père. p. 219

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