Passionnément.

pas/pas/pas/passionnément
(vice vibratoire autonome)

C'est le titre. Et bien sûr, j'ai du faire un certain exercice d'écriture qui va avec. Pourquoi l'écriture? L'écriture dont j'ai toujours affirmé l'inutilité devant l'oeuvre plastique: l'oeuvre parle par elle-même, elle n'a pas besoin de la parole qui est souvent explicative, etc... Bon, le texte devient nécessaire quand ton oeuvre est liée à la parole et du coup tu te  sens co-créateur avec le poète, non un illustrateur. 

Ici, il s'agit de Gherasim Luca. Et pas seulement de sa parole. C'est son rythme. Sincèrement, je ne suis pas une grande lectrice de poésies: je préfère les romans (genre captivant qui ne veut pas se décoller de tes yeux et sortir de ta cervelle jusqu'à ce qu'on le finit). La poésie, c'est à petites doses. Un poème. Un morceau. Luca c'est pire: c'est par tranches. Mais lui, par contre, il les lit et comprend mieux. On se laisse conduire par sa voix. Et il joue. Joue très sérieusement avec la parole et c'est que j'ai voulu faire avec cette série. 

Je suis peintre, donc je prends très au sérieux un tableau. Il doit être... bien. Bien peint, bien composé, bien équilibré. Je ne peux pas me libérer facilement de l'académie, mais sur ce support nouveau, la sintra, pas utilisé pour le dessin par d'autres (enfin, pas à ma connaissance) me permet de jouer librement. Je lance, je laisse couler, je gratte, j'applique par tous les moyens possibles de l'encre de Chine, des acryliques, de l'huile, de la poix, du vernis, des matériaux de construction... Et puis, je taille dans cette matière, dans cette planche flexible et supportante de plastique. Je mets des photos, mais... elles ne seront jamais fidèles à la réalité. Le tact, sentir les bords et les creux, l'accumulation de la matière n'est pas présent. 

A propos, ce titre a une double paternité. Ou, plus correctement: une paternité et une maternité. Le pas/pas/passionnément appartient à Luca, c'est évident et cela me sonne: l'art il faut l'approcher avec passion. Le vice vibratoire autonome appartient à ma mère, Luminitza C. Tigirlas. C'est elle qui m'a présenté à Gherasim Luca il y a quelques années déjà et c'est elle qui a la chance de pouvoir jouer avec les mots. Note: après  m'avoir offert ce trio verbal et après l'avoir publié comme titre de l'exposition, elle m'éclaire qu'il s'agit d'une sorte d'acte masturbatoire. Je ne l'avais pas vu. La vibration est rythmique quand même, non? Ça sonne bien en plus. Tant pis. J'aime bien. 

Voici M. Luca en personne:



Des oeuvres, pour plus tard. 

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